Répulsifs acoustiques « Pingers » et réflecteurs acoustiques pour fileyeurs et chalutiers pélagiques (projet LICADO)
Sommaire
Contact :
• CNPMEM : cnpmem@comite-peches.fr
Source :
Page du site du CNPMEM dédiée au projet LICADO : https://www.comite-peches.fr/LICADO-nouveau-programme-limiter-captures-accidentelles-de-dauphins/
Les objectifs du projet LICADO
Le projet LICADO, porté par le CNPMEM, vise le développement de pingers pouvant être utilisés à la fois à bord de chalutiers pélagiques et de fileyeurs. Des réflecteurs acoustiques ont également été testés sur des filets. Démarré en 2020 pour une durée de deux ans, LICADO a pour objectifs :
- Pour les chalutiers pélagiques :
- L’optimisation du positionnement des pingers sur le chalut,
- L’évaluation de l’efficacité des pingers CETASAVER comparé aux pingers déjà en place.
- Pour les fileyeurs :
- Le développement et le test de réflecteurs acoustiques,
- L’amélioration des pingers CETASAVER (et le développement d’options supplémentaires : omnidirectionnels et interactifs) pour une utilisation sur filets calés (pingers fixés sur le filet) et lors du filage.
Quelles actions mises en œuvre et quels résultats ?
Le CETASAVER émet un signal acoustique répulsif éprouvé et validé scientifiquement (effet répulsif sur 200 mètres maximum, provoquant un éloignement dans 87% des cas).
Pour les pingers utilisés à bord de chalutiers pélagiques, il a été observé que les signaux sont perçus par les dauphins à plusieurs kilomètres.
À propos de la quantification de l’efficacité de réduction des captures accidentelles avec le CETASAVER par rapport aux pingers actuels (DDD), les résultats ont montré qu’avec l’échantillon analysé, il n’y a pas de différence significative détectée sur le taux de captures accidentelles par heures de chalutage. Cependant, malgré l’effort d’observation important lors de ces expérimentations (165 OPs valides), un faible nombre de captures accidentelles a été enregistré (3 captures) ce qui diminue les chances que l’analyse statistique puisse être significative et rend ce résultat non exploitable. Ceci dit, ce faible nombre de captures accidentelles est positif dans le sens où il permet d’illustrer « qualitativement » la diminution des niveaux de capture avec l’usage des pingers.
Les pingers CETASAVER ont par ailleurs été testés à bord de fileyeurs à travers plusieurs mécanismes :
- Partant de l’hypothèse que la capture a lieu lorsque le filet est calé sur le fond, un pinger a été développé, s’activant uniquement une fois immergé. Le pinger est placé sur les filets, soit sur les bouées soit sur les ancrages. Il est sur écoute pendant 30 secondes avant d’émettre. Cette phase « écoute » permet de savoir si des dauphins sont présents autour du filet avant le déclenchement de l’émission acoustique. Le pinger dispose d’un journal qui enregistre les informations de la fonction « écoute » ainsi que les données du fonctionnement de ce pinger. Une fonction interactivité a été mise en œuvre sur les pingers calés, qui doit permettre d’émettre des séquences répulsives uniquement quand le dauphin est dans la zone. Du fait du caractère rare et aléatoire des captures accidentelles par un même fileyeur, il n’est pas possible de présenter des résultats quantitatifs sur l’effet répulsif des dispositifs pingers calés sur les dauphins communs. Néanmoins, ces essais ont permis de mieux comprendre les contraintes liées à la mise en place de pingers sur les filets (problème d’ergonomie, peu d’autonomie de batterie, risque de perte, contrainte liées à la manutention des dispositifs et risque de sécurité pour les équipages) et de proposer des améliorations de ces prototypes avant d’envisager un déploiement de ces derniers par un plus grand nombre de navires.
- Partant de l’hypothèse que la capture accidentelle se fait au moment du filage (issue de l’observation des professionnels), un dispositif de pinger au filage a été testé sur les hivers 2020 et 2021. Il s’agit d’un dispositif tracté, doté d’un module d’écoute et émettant le signal CETASAVER développé dans le cadre de ce projet. Le pinger contient une fonction « écoute » qui permet d’analyser les sons sous l’eau avant son activation en fonction « répulsive ». Le pinger dispose d’un « journal » qui contient les informations de la fonction « écoute » ainsi que les enregistrements du fonctionnement de ce pinger. Les essais des pingers au filage dans le projet LICADO se sont terminés en 2021. La réalisation de tests grandeur nature sur deux hivers a confirmé la faisabilité technique de l’utilisation du dispositif et présente des premiers résultats encourageants, nécessitant tout de même une amélioration du dispositif pour passer à un pinger placé sous la coque du navire. La facilité d’actionner le pinger (boitier en passerelle) et l’autonomie du dispositif relié à l’électricité du bord ont validé la possible utilisation de ce prototype à une échelle plus conséquente, d’autant que ce dispositif bénéficie d’un engouement des professionnels. Cependant, le nombre d’opération de pêche suivies ne permet pas de quantifier la diminution des captures accidentelles de dauphins communs avec ce dispositif. Le caractère aléatoire et rare des captures accidentelles de dauphins communs pour un même fileyeur nécessite de déployer des essais sur un nombre de navires et une période plus importante afin d’espérer avoir des résultats statistiquement analysables pouvant attester de la performance de ce dispositif.
- Pour les réflecteurs utilisés à bord de fileyeurs, il s’agit d’un bout maillé dans la nappe du filet avec des propriétés acoustiques permettant au dauphin de mieux identifier le filet. Il a été mesuré une augmentation du pouvoir réfléchissant du filet de 15 dB, soit une distance de détection du filet pour le dauphin multipliée par 5. Les réflecteurs seront expérimentés « in situ » et améliorés si nécessaire (problème de démaillage, potentielles croches, etc.). Ce dispositif a l’avantage de ne pas modifier les pratiques de pêche des marins, aucune manipulation supplémentaire n’est à réaliser que ce soit au filage ou au virage. La difficulté de ce dispositif est sa confection puisque les différents équipements en réflecteurs ont été réalisés manuellement sur des petites longueurs. Aucune solution n’est disponible actuellement chez les équipementiers pour le montage des réflecteurs sur des longueurs plus conséquentes de filets. Le montage à la main entraine un temps non négligeable et donc une augmentation des coûts du filet.
Reprise de flambeau du projet LICADO
Le projet LICADO s’est terminé en 2022. Le caractère singulier et aléatoire des captures accidentelles à l’échelle d’un fileyeur nécessite, afin de pouvoir conclure sur l’efficacité des dispositifs, un nombre important d’OPs observées. Sur l’ensemble du programme LICADO, les données recueillies ne permettent pas de conclure quantitativement sur les effets des dispositifs testés. Néanmoins, les essais réalisés ont permis d’éprouver les prototypes développés et de proposer des pistes d’amélioration des dispositifs avant d’équiper un nombre plus conséquent de navires.
La dernière phase de tests sur les pingers au filage, réalisée à l’hiver 2021/2022 a permis d’acquérir des données scientifiques chiffrées avec des résultats encourageants. La quantification de l’efficacité de réduction des captures accidentelles à plus large échelle et de manière statistiquement significative est un des axes de travail du projet PIFIL, également porté par le CNPMEM.
D’autre part, le dispositif de pinger sur filet calé, répond également à la problématique de capture accidentelle, de par son signal acoustique éprouvé tout en limitant la pollution sonore. Cependant il n’est pas adapté à une utilisation quotidienne à cause de sa recharge régulière mais également de son poids et sa difficile manipulation lors des opérations de filage et virage. L’amélioration de l’ergonomie des pingers est prévue et pourra être testée, avec un signal néanmoins différent, dans le cadre des projets DOLPHINFREE (porté par l’université Montpellier, MARBEC, LIRMM, Pelagis, OP Pêcheurs de Bretagne, société OCTech et AGLIA) et PECHDAUPHIR (porté par le CDPMEM29).
Quant aux réflecteurs acoustiques, le peu de marées observées et la faible longueur testée n’ont pas permis de démontrer une efficacité du dispositif. Une diminution des captures a été constatée, dont l’analyse est à creuser, les résultats des premières expériences étant indicatifs. Ceci dit, l’expérimentation des réflecteurs dans le projet LICADO révèle plusieurs avantages :
- Aucune pollution acoustique en raison de son caractère passif,
- Aucun problème d’ergonomie,
- Aucune charge de manutention du matériel, générant un accroissement du temps de travail de l’équipage,
- Une réduction de la pollution environnementale par une limitation des pertes.
Le développement et les tests de ce dispositif continuent au sein du projet PECHDAUPHIR.
Afin de limiter les captures accidentelles de dauphins communs dans le golfe de Gascogne, ce n’est sans doute pas un dispositif mais plusieurs dispositifs qui pourront être proposés, en fonction des types de filets, de l’espèce cible, de l’ergonomie des opérations de filage, du type d’interaction, etc.