DCP non maillants et biodégradables (projets MADE, DCP éco, BioFad et DCP bio)
Sommaire
Contacts :
• Mme Mariana Tolotti (Institut de recherche pour le développement – IRD) : mariana.travassos@ird.fr
• Mme Alexandra Maufroy (ORTHONGEL) : amaufroy@orthongel.fr
Sources :
- Rapport final du projet BioFad (en anglais) – Zudaire, I., Tolotti, M.T., Murua, J., Capello, M., Basurko, O.C., Andrés, M., Krug, I., Grande, M., Arregui, I., Uranga, J., Baidai, Y., Floch, L., Ferarios, J.M., Goñi, N., Sabarros, P.S., Ruiz, J., Ramos, M.L., Báez, J.C., Abascal, F., Moreno, G., Santiago, J., Dagorn, L., Arrizabalaga, H., Murua, H., 2020. Testing designs and identify options to mitigate impacts of drifting fads on the ecosystem. Second Interim Report. European Commission. Specific Contract No. 7 EASME/EMFF/2017/1.3.2.6 under Framework Contract No. EASME/EMFF/2016/008. 193 pp. :
- Page du site web d’ORTHONGEL dédiée au projet BioFad :
Etape 1 : développement de DCP non maillants
Dans le cadre du projet MADE (Mitigating ADverse Ecological impacts of open ocean fisheries) et du Contrat d’Avenir Thonier DCP éco, des structures de DCP à faible risque de maillage ont été mises en place. Les filets recouvrant les DCP, dont la fonction est de rendre l’objet non détectable par les autres navires, ont dans un premier temps été remplacés par des filets à petite maille. Les filets utilisés sous les DCP comme ancre flottante ont été remplacés par des boudins de filet.
Suivant les recommandations de l’ISSF (International Seafood Sustainability Foundation), et en accord avec les obligations en vigueur de la Commission Thonière de l’Océan Indien (CTOI), ces DCP à faible risque de maillage (présence d’éléments maillants de taille inférieure à 6,5 cm) ont été améliorés depuis la fin du projet MADE et du CAT DCP éco. Des designs de DCP complètement non maillants ont été élaborés en remplaçant les filets de couverture des DCP par des bâches en plastique et les boudins de filet par des cordages. Des exemples de structure de DCP actuellement utilisés dans l’Océan Indien sont présentés ci-dessous.
Etape 2 : tests de matériaux biodégradables dans le cadre du projet BIOFAD
Les DCP non-maillants ne permettant pas de résoudre la problématique des DCP perdus, et de leur contribution à la pollution en mer ou à la fragilisation d’écosystèmes sensibles comme les coraux en cas d’échouage, des projets complémentaires ont été mis en place pour développer des DCP biodégradables. Dans le cadre du projet BIOFAD (2017-2019), deux matériaux ont été testés :
- de la toile de coton en remplacement des filets et bâches plastiques en surface des DCP,
- un cordage en coton enduit d’une cire alimentaire en remplacement des boudins de filet et cordages synthétiques présents sous les DCP,
- des cordages secondaires en coton non enduit dont la fonction est d’augmenter le volume immergé du DCP pour favoriser l’attraction des poissons, en remplacement des matériaux synthétiques (sacs de sel, torons en polyéthylène).
Ces matériaux ont été utilisés dans la construction de 5 prototypes qui se différencient par le nombre et la longueur des cordages en coton.
Les différents prototypes sont présentés ci-dessous :
L’efficacité de pêche des différents prototypes de DCP biodégradables ainsi que la durée de vie des matériaux ont été testés par des tests en mer à grande échelle. Elles ont été comparées aux DCP non maillants classiquement utilisés (non biodégradables). En termes d’efficacité, les prototypes de DCP biodégradables se sont avérés aussi efficaces que les DCP non-maillants non-biodégradables pour attirer les thons tropicaux.
En ce qui concerne la durée de vie des matériaux, les tests n’ont pas permis d’atteindre la durée de vie de 12 mois initialement prévue dans le cadre du projet. La durée de vie des différents composants testés ou utilisés dans le projet était la suivante (Zudaire et al., 2020) :
Composant | DCP non maillant non biodégradable | DCP expérimental non maillant et biodégradable | Coûts pour les DCP non maillants non biodégradables (en euros) | Coûts pour les DCP expérimentaux biodégradables (en euros) |
Radeau en bambou | > 12 mois | > 12 mois | 30 | 30 |
Radeau en métal | > 12 mois | non souhaitable pour un DCP biodégradable | 2 | non souhaitable pour un DCP biodégradable |
Toile | > 12 mois | < 4 mois | 0 (récupération) | 24 |
Corde principale | < 5 mois | < 5 mois | 10 | 27 |
Cordages secondaires (« attracteurs ») | > 12 mois | < 5 mois | 10 | 277 |
Flotteurs | > 12 mois | > 12 mois | 33 | Pas de solution biodégradable |
Etape 3 : poursuivre le travail sur les DCP biodégradables
Dans le cadre du projet BIOFAD, l’efficacité de pêche des différents prototypes de DCP biodégradables ainsi que la durée de vie des matériaux ont été testés par des tests en mer à grande échelle. Elles ont été comparées aux DCP non maillants classiquement utilisés depuis 2012 (non biodégradables). En termes d’efficacité, les prototypes de DCP biodégradables se sont avérés aussi efficaces que les DCP non-maillants non-biodégradables pour attirer les thons tropicaux.
En ce qui concerne la durée de vie des matériaux, les tests n’ont pas permis d’atteindre la durée de vie de 12 mois initialement prévue dans le cadre du projet.
A l’issue du projet BioFAD, plusieurs difficultés se sont posées pour l’utilisation des matériaux testés dans le cadre du projet. En effet, la durée de vie de ces matériaux étant inférieure à la durée d’utilisation habituelle d’un DCP (8 à 12 mois), il aurait été nécessaire de remplacer les éléments du DCP après quelques mois de mer. La production de matériaux, même biodégradables, ayant des impacts sur l’environnement, cette option n’a pas été retenue.
ORTHONGEL mène donc actuellement un projet complémentaire à BioFad en collaboration avec Kairos et l’Ifremer pour trouver des solutions alternatives et/ou complémentaires. Dans le cadre de ce projet, la toile de coton, dont la durée de vie était la plus faible, a été définitivement abandonnée. Le cordage en coton, dont la dégradation est ralentie par une cire alimentaire déposée en surface du cordage, apparait plus prometteur. De nouveaux tests en laboratoire de ce matériau ainsi que d’autres éléments pouvant remplacer la toile des radeaux et leurs flotteurs sont en cours. Ces solutions devraient être testées en conditions réelles de pêche en 2022.