Dispositifs d’effarouchement des oiseaux marins pour palangre

Une ligne de banderoles (aussi appelée ligne Tori ou ligne d’effarouchement des oiseaux) se définit comme une ligne avec des banderoles, remorquée depuis un point haut proche de l’arrière du bateau lorsque les hameçons sont déployés. La tension sur la ligne crée une section aérienne avec des banderoles suspendues à intervalles réguliers lorsque le navire est en mouvement. La section aérienne des banderoles est essentielle pour effrayer les oiseaux afin de les éloigner des hameçons garnis d’appâts : un objet peut être remorqué afin de créer une tension supplémentaire et maximiser ainsi l’étendue aérienne. L’objectif est d’ainsi maintenir la ligne de banderoles au-delà des hameçons garnis d’appâts afin d’éviter que les oiseaux ne viennent attaquer les appâts et se fassent prendre par les hameçons.

Les spécifications techniques présentées par l’ACAP (Accord sur la conservation des albatros et des pétrels) sont les suivantes pour les palangriers de fond :

• La ligne de banderoles doit avoir une longueur totale d’au moins 150m, être fixée au navire au moins à 7 m au-dessus de la surface de la mer (en utilisant une perche si nécessaire) et être lestée par un élément final à son extrémité, créant ainsi une traînée et permettant une certaine stabilité de la ligne. Ces spécifications sont cruciales pour couvrir la zone aérienne souhaitée (100 m), qui est la partie efficace de la ligne de banderoles.
• Chaque banderole doit être constituée de deux ou plusieurs fils et fabriquée à partir de tubes en caoutchouc aux couleurs vives, protégés contre les UV. Les banderoles doivent être espacées de moins de 5 m le long de la ligne. Les banderoles doivent être assez longues pour atteindre la surface de la mer dans des conditions calmes.
• Les émerillons, positionnés au point de fixation au navire, au niveau de l’élément final remorqué et du point de jonction des banderoles sur le filin central, aident à limiter la torsion et l’usure. Ceux-ci peuvent également intégrer des points de dégagement, en cas d’accrochage avec la ligne d’hameçons.
• La possibilité de réglage de la position de la ligne de banderoles, par exemple par un système de perche et de brides, augmentera la polyvalence d’une ligne de banderoles et permettra son déplacement d’un côté à l’autre pour maintenir effective la protection de la ligne d’hameçons, même par vent de travers.
• Les lignes de banderoles doivent être déployées par paires, une de chaque côté de la ligne d’hameçons, lors de la mise en place des palangres.
• Les émerillons ou autres dispositifs de fixation sont recommandés pour attacher les banderoles à la ligne de banderoles, car ils réduisent les risques d’enchevêtrement des banderoles autour de la ligne. Toutefois, ils ajoutent du poids à celle-ci.

Caractéristiques opérationnelles d’une ligne de banderoles pour palangrier (de fond ou pélagique) (source : ACAP, 2014) :

Exemple de lignes de banderoles pour les pêcheries à la palangre pélagique (navires < 35 m) (source : ACAP, 2014) :

L’ACAP a émis plusieurs recommandations quant à leur utilisation à bord de palangriers de fond :

• La section aérienne est la partie active de la ligne, et agit comme un épouvantail pour tenir les oiseaux à l’écart des hameçons garnis d’appâts. La zone aérienne couverte dépend de la hauteur de fixation au-dessus de la mer, de la longueur totale de la ligne et de la traînée causée par l’objet final. Une plus grande couverture aérienne contribuera à une meilleure protection de la ligne d’hameçons. Afin de donner suffisamment de temps aux hameçons pour s’enfoncer, la section aérienne de la ligne de banderoles doit dépasser d’au moins 100 m la poupe du navire.
• Pour être efficace, une ligne de banderoles simple doit être placée directement au-dessus de la ligne d’hameçons (ou légèrement décalée vers le côté exposé au vent de la ligne d’hameçons). Pour que ce système soit efficace quelles que soient les conditions météorologiques, la position du point de fixation de la ligne doit être ajustable.
• Doubler ou multiplier les lignes de banderoles assure une meilleure protection de la ligne d’hameçons dans toutes les conditions météorologiques.
• L’utilisation de matériaux appropriés est un facteur important ; si la ligne est trop lourde, elle va s’affaisser sous son propre poids et ne pas atteindre le degré d’inclinaison permettant de couvrir la surface aérienne souhaitée, ce qui est non seulement crucial pour que la ligne joue pleinement son rôle de dissuasion, mais ce qui permet également de réduire les risques d’enchevêtrements dans le matériel de pêche.
• Les lignes de banderoles doivent être déployées avant que le premier hameçon n’entre dans l’eau et doivent être récupérées une fois le dernier hameçon posé.
• La mise à l’eau de l’élément final remorqué, à bâbord ou à tribord du navire (selon le côté sous le vent), permettra à la ligne de banderoles de dériver à l’arrière du navire, sans interférer avec le déploiement des lignes de mouillage.
• Une fois que la ligne de banderoles a pris toute son ampleur, sa position doit être ajustée afin de protéger la zone directement au-dessus des hameçons s’enfonçant à l’arrière du navire.
• La fabrication de la ligne de banderoles à partir de matériaux légers permet à un seul homme de récupérer facilement la ligne. La traînée produite par l’élément final remorqué au bout de la ligne est importante à prendre en compte. Il y a un compromis à trouver entre la création d’une traînée suffisante pour atteindre la couverture aérienne souhaitée et la création d’une traînée trop importante, empêchant la récupération de la ligne.
• Il peut arriver qu’une ligne de banderoles s’emmêle avec la ligne d’hameçons. Ceci est gênant, présente un danger potentiel pour les pêcheurs et conduit généralement à la perte de la ligne de banderoles, ce qui augmente le risque de captures accidentelles d’oiseaux marins. La clé pour réduire ces enchevêtrements réside dans la conception de la ligne de banderoles ; en atteignant la hauteur requise au-dessus du niveau de la mer, les enchevêtrements en surface devraient être minimisés.
• Par fort vent de travers, les lignes de banderoles peuvent être déportées et s’éloigner de la ligne d’hameçons, ce qui augmente la probabilité de captures accidentelles. L’élément final remorqué est l’élément essentiel de la conception de la ligne de banderoles. Par fort vent de travers, il convient de maintenir le cap, en créant une traînée suffisante pour que la couverture aérienne souhaitée soit encore atteignable. Divers éléments ont été testés (bouées, plots, grosses cordes etc.), mais il n’existe actuellement aucune recommandation particulière quant à l’élément final remorqué le plus efficace.

L’efficacité d’une ligne de banderoles simples repose selon l’ACAP sur l’étendue de la zone couverte, la capacité à ajuster le positionnement de cette ligne, sa hauteur de fixation au-dessus du niveau de la mer (> 7 m) et sa longueur totale (150 m) ; l’espacement et la longueur des banderoles ainsi que le type de matériaux utilisés pour leur fabrication sont également importants à prendre en compte.
Lorsqu’elles sont déployées correctement dans des conditions appropriées, les lignes de banderoles peuvent être très efficaces pour réduire la mortalité des oiseaux marins :

• En Atlantique Nord, une réduction de 98 % des captures accidentelles d’oiseaux marins a été obtenue grâce à une ligne de banderoles lors de quatre essais en mer,
• En Alaska, des essais ont montré que les lignes de banderoles doubles peuvent réduire de 88 à 100 % les captures accidentelles d’oiseaux marins pour les espèces se nourrissant en surface, essentiellement des fulmars boréaux et des albatros de Laysan. Toutefois, dans ce cas, les captures accidentelles de puffins sont restées inchangées : en effet, leur capacité de plongée supérieure leur permettait d’atteindre les appâts au-delà de la zone de protection effective offerte par les lignes de banderoles.

Les lignes de banderoles sont plus efficaces lorsque plusieurs sont déployées.
L’utilisation des banderoles fait partie des mesures réglementaires mises en place dans la pêcherie à la légine aux TAAF.

Des canons à eau ou des tuyaux d’incendie peuvent être utilisés pour dissuader les oiseaux d’approcher du poste de virage. Une pompe centrifuge électrique de 30 KW avec divers embouts, stabilisateurs de flux et angles d’attaques ont été testés en 2001 pour déterminer la portée maximale du jet d’eau : dans des conditions idéales, la distance maximale atteinte a été de 60 m, et beaucoup moins par vent fort (en comparaison, cette distance est bien en deçà de la distance recommandée pour une ligne de banderoles). En cas de vents contraires, il a été noté que le jet pouvait se retourner contre le navire et atteindre les pêcheurs sur le pont.