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Identification et ramassage des engins de pêche perdus en mer (projets GHOSTMED, CASPER, FISH & CLICK)

Contact :
• CNPMEM : cnpmem@comite-peches.fr

Sources :
• GhostMed : https://ghostmed.mio.osupytheas.fr/fr/

Ruitton S., Belloni B., Boudouresque C.F., Marc C., Thibault D., 2020. Guide méthodologique pour l’évaluation des impacts des engins de pêche perdus. 2ème édition. M I O publ., 49 pp.

• CASPER : https://www.bretagne-peches.org/projets/casper/

• Fish & Click : https://fishandclick.ifremer.fr/

Crédit photo :
• Fred Zuberer

Les engins de pêches perdus en mer peuvent générer plusieurs types d’impacts sur le milieu marin. En effet,  filets, casiers, palangres,  peuvent rester actifs après leur perte et entraîner ce que l’on appelle la « pêche fantôme », à savoir le piégeage accidentel d’espèces. De plus, ils peuvent altérer les habitats naturels (récifs, herbiers, gorgones…) et participent plus généralement, par leur décomposition, à la pollution marine.

Pour répondre à cette problématique, plusieurs projets ont vu le jour. En mobilisant les pêcheurs professionnels et les usagers de la mer leurs objectifs sont multiples : améliorer la connaissance et l’identification des engins de pêche perdus en mer, analyser leur impact sur le milieu marin, organiser leur gestion et leur retrait.

Ces projets sont :

  • GhostMed
  • CASPER
  • Fish & Click

Projet GhostMed

Lancé en 2015, le projet GhostMed, porté par l’Institut méditerranéen d’océanologie (MIO) dont l’OFB est partenaire, se concentre sur la problématique des engins de pêche perdus en mer en Méditerranée française. Il a pour objectifs de : recenser les engins de pêche perdus, orienter les décisions de leur retrait, analyser leurs impacts et aider à leur gestion.
Dans un objectif de recensement des engins de pêche perdus, tous les usagers de la mer (pêcheurs, plongeurs, gestionnaires d’AMP) peuvent renseigner leurs observations (coordonnées GPS, état de l’engin de pêche) via un formulaire en ligne. Ensuite, principalement à destination des gestionnaires d’AMP, une méthodologie a été développée afin d’évaluer l’impact de l’engin sur le milieu marin et estimer son retrait ou non. À partir des données acquises lors des plongées sous-marines, un indice est calculé pour l’aide à la décision de la gestion d’un engin, c’est l’indice d’aide au retrait (IAR).

L’IAR prend en compte 4 paramètres :

  • Les impacts environnementaux
  • Les impacts paysagers
  • Les risques pour les usagers
  • Les difficultés techniques

L’IAR est calculé en additionnant les notes totales de l’impact environnemental, paysager et du risque pour les usagers et en soustrayant les difficultés techniques. La valeur théorique sera comprise entre -15 et 40, plus la valeur sera élevée plus il sera conseillé de procéder à l’enlèvement de l’engin. Les situations dans lesquelles le retrait n’est pas conseillé concernent les engins qui, immergés depuis longtemps, constituent un nouvel habitat pour les espèces. Un autre cas concerne les engins dont les difficultés techniques sont trop élevées.

Le projet GhostMed a permis de recenser 1459 engins de pêche perdus dont 578 filets et de former/sensibiliser les gestionnaires d’AMP, des associations ainsi que des pêcheurs sur cette problématique et sur la méthode d’évaluation de l’indice d’aide au retrait (Ruitton et al. 2020).

Projet CASPER

Le projet CASPER (Caractérisation de l’impact environnemental des engins de pêche perdus en mer) est un projet lancé en janvier 2022 par le CRPMEM Bretagne. Sa zone d’étude se concentre en Cornouaille, sur le littoral qui s’étend de la pointe de Penmarc’h à Trévignon, en incluant l’archipel des Glénan. Une zone qui bénéficie de 3 sites Natura 2000, où habitats et espèces sont visés par des objectifs de conservation, dans le cadre des Directives Habitats Faune Flore et Oiseaux (CRPMEM Bretagne, 2023). Le projet CASPER a donc pour but d’améliorer les connaissances sur la problématique des engins de pêche perdus en mer en mobilisant tous les acteurs du territoire et usagers de la mer (plongeurs, chasseurs sous-marins, plaisanciers et pêcheurs professionnels).

Terminé en avril 2023 le projet CASPER s’est déroulé en 4 grandes étapes :

  • Phase 1 – Mobilisation des usagers de la mer (mai à septembre 2022) :
    • D’une part, les personnes (plongeurs et chasseurs sous-marins) susceptibles de trouver des engins perdus ont été mobilisées pour signaler leurs observations via un formulaire (papier et ligne)
    • D’autre part, ceux susceptibles d’en perdre (pêcheurs plaisanciers et professionnels) ont été questionnés lors d’enquêtes afin de signaler leurs pertes d’engin et de mieux comprendre le phénomène (causes, fréquence)
  • Phase 2 – Bilan de la phase de mobilisation et planification de l’opération d’enlèvement (septembre 2022) : les réponses aux enquêtes et formulaires ont été collectées dans une base de données et cartographiées. Une opération de nettoyage a ensuite été planifiée et mise en œuvre sur plusieurs sites.
  • Phase 3 – Opération d’enlèvement d’une partie des engins par 2 entreprises de travaux sous-marins (automne 2022 prolongée jusqu’à janvier 2023 pour cause de météo) : prospection et enlèvement des engins
  • Phase 4 – Bilan de la phase des enquêtes auprès des usagers et de l’opération d’enlèvement (printemps 2023) : rédaction du rapport de synthèse, identification de pistes de bonnes pratiques et des perspectives du projet.

Résultats des enquêtes et opération d’enlèvement des engins

Pour les pêcheurs plaisanciers et professionnels, sur 61 personnes enquêtées, 57 ont déjà perdu un engin. Ils estiment cependant que cela arrive rarement. De plus, les pêcheurs professionnels parviennent la plupart du temps à récupérer le matériel perdu, qui représente un coût important pour l’entreprise.

Quant aux plongeurs et chasseurs sous-marins, 35 signalements d’engins perdus ont été transmis.

Les plongeurs ont répondu ne pas avoir observé beaucoup d’engins perdus, s’expliquant par le fait qu’ils fréquentent toujours les mêmes sites et, de plus, différents de ceux fréquentés par les pêcheurs. Les observations ont surtout été faites par les chasseurs sous-marins qui parcourent une plus grande diversité de sites. Les enquêtes menées auprès des pêcheurs ont également permis de cartographier 34 zones de concentration d’engins perdus.

Les données ont ensuite été transmises aux entreprises de scaphandriers. Pour compléter les signalements, elles ont effectué des plongées de prospection sur les zones de concentration identifiées. « Au total, 57 engins de pêche ont été remontés en 46 heures de plongée », représentant un volume total estimé de 10m³ (CRPMEM Bretagne, 2023). La majorité des engins enlevés étaient dégradés et non pêchant, principalement les casiers où aucune espèce morte n’a été trouvée. Aucune contrainte environnementale à leur enlèvement n’a été identifiée.

Projet Fish & Click

Fish & Click, projet lancé en 2020 et développé par l’Ifremer, est une application de sciences participatives, où tout le monde peut participer afin de recenser des engins de pêche perdus en mer ou sur le littoral et tout autre déchet lié à la pêche et l’aquaculture. C’est une application gratuite, que les usagers de la mer (pêcheurs, plaisanciers, plongeurs, baigneurs, promeneurs) peuvent utiliser, pour signaler de manière simple un engin, en le caractérisant et le géolocalisant. Les données recueillies permettent ensuite aux scientifiques d’établir une cartographie du matériel de pêche perdu et donc un état des lieux de la pollution marine. En 2020, plus de 300 observations ont été recensées.

Des synergies entre les projets CASPER (CRPMEM Bretagne) et Fish & Click (Ifremer) ont été convenues. Ainsi les observations effectuées dans le cadre de CASPER ont été renseignées sur l’application Fish & Click, et réciproquement les signalements collectés par l’application ont été transmis au CRPMEM Bretagne (CRPMEM Bretagne, 2023).